As du marketing, Alain Nemarq est un iconoclaste. Diplômé de Sup de Co Rouen et de Paris-Dauphine, il a enseigné le marketing à HEC pendant six ans. Après plusieurs années dans l’industrie textile où il collabore avec les grandes maisons de mode (Yves Saint-Laurent, Kenzo, Courrèges), il a participé à la création de l’Institut français de la mode aux côtés de Pierre Bergé. Lorsqu’il l’acquiert en 2002, Mauboussin - l’enseigne de joaillerie fondée en 1827 - perd 20 millions d’euros par an. En quelques années, la maison reprend des couleurs, s’installe au cœur de la place Vendôme et s’adresse, sacrilège, aux femmes actives et célibataires. Aujourd’hui, Alain Némarq travaille son implantation en Israël.
IsraPresse : Il y a deux ans, vous avez décidé de partir à la conquête du marché israélien. Pourquoi avoir choisi Tel-Aviv plutôt que Jérusalem ?
Alain Némarq : Pour une marque de Haute Joaillerie francaise qui décide de s’implanter, le Kikar Hamedina, place luxueuse au centre de Tel Aviv, apparaissait comme le moyen de s’imposer comme une marque haut de gamme. C’est la raison principale. Mais vous savez, un choix n’est jamais évident. Avec mon associé Prosper Amoyal, notre stratégie est commerciale mais aussi symbolique. De ce point de vue, le Kikar Hamedina s’est imposé bien qu’il y ait beaucoup moins de passage qu’à Ramat Aviv par exemple.
Quel bilan tirez-vous de ces deux années ?
Il faut comprendre ce marché. Israël n’est pas un marché uniforme, il est à la confluence de deux mondes : l’Occident et l’Orient. La clientèle ultra-riche russophone structurelle du monde du luxe n’est pas notre cœur de cible. Pour Mauboussin, le bijou n’est pas un trophée que l’homme offre à la femme. Chez nous, les femmes s’offrent elles-mêmes leurs bijoux. Il va falloir que l’on travaille pour faire comprendre aux Israéliennes que nos bijoux leur sont accessibles.
Quelle est votre prochaine étape ?
Développer des points de vente dans les hôtels et trouver un emplacement dans le Canyon de Ramat Aviv. Je serais en Israël dans quelques semaines pour cela d’ailleurs. Et puis toujours dans le but de se positionner comme une enseigne de Haute Joaillerie à des prix abordables, nous allons développer une gamme en argent.
Propos recueillis par V.G-B