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30 octobre 2017 | י חשון התשעח
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L’écrivain Marc Pautrel découvre Jérusalem

ozuRomancier à plein temps, Marc Pautrel est l’auteur d’une dizaine de livres, particulièrement de cinq romans, « courts mais intenses » selon lui, qui racontent « des histoires d’amour, ou de solitude, mais jamais tristes, je crois ». Son dernier texte paru est un petit livre autour de la vie d’un cinéaste japonais, Yasujiro Ozu (Editions Louise Bottu), qui dans ses films « racontait lui aussi des histoires d’amour et de solitude ». Après avoir multiplié les résidences d’auteurs dans diverses villes françaises et avoir séjourné au Mexique, en Italie et au Japon, c’est dans la capitale israélienne que l’auteur d' »Orpheline » (Editions Gallimard, 2014) a posé ses valises pour deux mois. Il répond aux questions d’IsraPresse.

Israpresse : Est-ce votre premier voyage dans cette région du monde?

Marc Pautrel : Oui c’est la première fois que je viens en Israël. J’ai répondu à un appel à candidature de l’Institut Français Centre Romain Gary de Jérusalem qui invite chaque année un auteur à venir deux mois en résidence d’écriture. Israël est un pays que j’ai toujours admiré et que je voulais visiter depuis longtemps. Je suis donc ravi d’être à Jérusalem et en même temps secoué en permanence par une multitude de choses que je vis ici, enthousiasmantes comme la beauté des lieux, le climat, et une certaine douceur de vivre (par exemple les gens marchent lentement), et insupportables comme l’horreur soudaine du terrorisme. Le sentiment que j’ai, à la moitié de mon séjour, c’est que Jérusalem est une ville qui à la fois vous vide de votre énergie et vous donne beaucoup d’énergie, comme si on devenait une batterie qui se décharge et se recharge sans arrêt.

Israpresse : Comment vivez-vous l’ambiance de violence mais aussi de fêtes de ces derniers jours à Jérusalem?

MP : Comme vous le soulignez, c’est cette alternance d’émotions inverses qui m’a choqué : la grande sérénité et la grande joie des gens dans Jaffa street (rue Yaffo, NDLR) pendant Souccot, et puis soudain ces assassinats répétés à quelques heures d’intervalles et notamment dans des lieux où je passe tous les jours à pieds, Porte de Damas et Porte des Lions. Tout semble calme et en quelques secondes on bascule dans l’horreur. Mais je n’ai pas peur, j’ai même moins peur ici qu’en France car ici la population israélienne me semble très soudée, ce qui n’est pas le cas en France comme on l’a vu après les attentats de janvier contre Charlie-Hebdo et l’Hyper-Cacher où un pan de la société déclarait ne pas « être Charlie » (pour reprendre l’expression d’alors).

Israpresse : Que rapporterez-vous de votre voyage, en plus d’un prochain livre? 

MP : Précisément je ramènerai de mon voyage des notes, des images mentales qui feront des souvenirs, et aussi des photos qui sont déjà visibles chaque jour en ligne sur Instagram. Mon projet de roman était au départ le carnet de voyage d’un visiteur qui découvre Jérusalem pour la première fois, mais cela va peut-être évoluer sous l’effet des circonstances, je verrai quand j’aurai pris du recul et quand je replongerai à nouveau dans la vie française, extrêmement différente mais avec aussi des points de similitude ou du moins de comparaison comme je le disais à l’instant.

Israpresse : Parlez-nous de votre livre à paraitre « Une jeunesse de Blaise Pascal » (Editions Gallimard).

MP : Ce roman, qui paraîtra en France en janvier prochain, et dont j’ai effectué les toutes dernières corrections à Jérusalem il y a quelques jours, décrit une facette parfois oubliée du philosophe et écrivain Pascal : son génie scientifique et mathématique, que je mets en parallèle avec la perte de sa mère, le tout sous la forme d’un roman se déroulant en quelque sorte dans la tête de Blaise Pascal lui-même.

Propos recueillis par Nelly Ben Israël

(Les propos recueillis n’engagent que leur auteur)