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17 juin 2017 | כג סיון התשעז
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La synagogue Adès : un monument chargé d’art et de culture

La synagogue Ades réinaugurée - Crédit photo : Autorité israélienne des antiquités

La synagogue Ades réinaugurée - Crédit photo : Autorité israélienne des antiquités (IAA)

Au cœur de Jérusalem, le quartier Nahlaot abrite un bijou discret pourtant bien connu de la communauté juive d’Alep. La synagogue Adès, dont les chants rituels du vendredi soir attirent les meilleurs chantres du pays, a été inaugurée à nouveau dimanche à l’issue d’un long projet patrimonial de restauration des peintures murales. Ces œuvres sont signées Yaakov Stark, l’un des premiers élèves et enseignants de Betzalel, l’académie des Beaux-Arts israélienne.

Un édifice qui témoigne de la riche culture liturgique de la communauté syrienne

Édifiée en 1901 par des Juifs de la florissante communauté d’Alep en Syrie, la synagogue Adès se trouve au bout d’une petite rue pastorale du quartier Nahlaot de Jérusalem. Avant de faire les manchettes de la presse israélienne, en raison de travaux de restauration inadaptés, la synagogue attirait déjà de nombreux touristes venus admirer l’œuvre monumentale peinte en 1911-1912 par Yaakov Stark, l’un des piliers de la toute jeune école Betzalel des Beaux-Arts.

Yaakov Sari, un fidèle de la synagogue, 4e génération à Nahlaot - Crédit photo : Autorité israélienne des antiquités

Yaakov Sari, un fidèle de la synagogue, 4e génération à Nahlaot - Crédit photo : IAA

Destination incontournable aussi bien pour les soldats dans le cadre de programmes éducatifs de Tsahal que pour les élèves israéliens, la synagogue Adès attire aussi chaque année les riches Juifs d’Alep installés à l’étranger. Elle suit jusqu’à aujourd’hui la liturgie haute en couleurs des Juifs d’Aram Sova (nom donné à Alep par la communauté). Les prières y sont d’ailleurs chantées, comme il y a trois siècles à Alep, sur un maqam (mode musical organisant les échelles mélodiques, NDLR) différent chaque semaine, traduisant le thème de la lecture de la semaine.

Les bakachot, chants de supplications exécutés les samedis matins de 2 à 7 heures du matin, réunissent la communauté dans la bonne humeur et attirent les curieux, ainsi que les meilleurs chantres du pays et du monde.

Un pan d’histoire de l’art israélien retrouve sa grandeur

Le mair Nir Barkat se félicite de la restauration de la synagogue Ades - Crédit photo : Autorité israélienne des antiquités

Le maire Nir Barkat se félicite de la restauration de la synagogue Ades - Crédit photo : IAA

Vieille de plus d’un siècle, la synagogue Adès a été de inaugurée à nouveau dimanche, en présence du maire Nir Barkat, après des travaux de restauration qui ont exigé deux ans de travail minutieux à une équipe du département de la conservation des œuvres d’art et monuments historiques de l’Autorité israélienne des antiquités (IAA).

Jacques Neguer, directeur du département et chef de l’équipe qui a restitué leur grandeur à ces œuvres, raconte à Israpresse que le projet de restauration de la synagogue Adès découle de la nécessité de préserver les œuvres originales peintes par Yaakov Stark, menacées par des travaux entrepris par une société de restauration française. Le peintre français ne s’était pas contenté de restaurer les tableaux muraux grandioses et profondément sionistes de Stark, mais les avait reproduits sur des toiles collées sur les originaux, portant atteinte à l’œuvre du peintre ashkénaze laïque, mort seulement trois ans après avoir offert cet ouvrage à la communauté alepienne.

Les Hiérosolymitains n’ont pas apprécié ces méthodes expéditives et ont réussi à faire interrompre les travaux. Grâce au classement de l’édifice au patrimoine des monuments historiques d’Israël en 2010, un véritable projet de restauration a été mis en place par le département de conservation de l’IAA, avec le soutien de la mairie de Jérusalem et de l’Institut Yad Ben Tzvi. Le projet a coûté 1,2 million de shekels, la municipalité finançant le tiers de cette somme.

Les travaux de restauration de la synagogue - Crédit photo : Autorité israélienne des antiquités

Les travaux de restauration de la synagogue - Crédit photo : IAA

Le projet s’est avéré plus compliqué que prévu, explique M. Neguer, car si la partie supérieure des peintures, représentant les symboles des douze tribus d’Israël et des motifs juifs, dont des étoiles de David, était bien documentée, la partie inférieure avait complètement disparu et aucun témoignage ne permettait de la restituer. Après un travail de longue haleine, les artistes restaurateurs ont réussi à retrouver la composition originale sous la toile et le ciment, et à la reconstituer fidèlement.

« L’étage des femmes a également présenté un défi. On ne voyait presque plus les peintures. Mais je me suis rappelé que Yaakov Stark était graphiste à l’origine et l’un de ses ex-libris ressemblait fortement à ce qu’on voyait sur le mur. Nous avons donc fait une composition à partir de cet ex-libris et des pans de murs intacts », explique M. Neguer.

« Je pense que nous avons réussi à restaurer l’œuvre originale de Stark. La conservation d’une œuvre est toujours préférable à une réplique », conclut Vladimir Bitman l’un des artistes qui a mis son savoir-faire au service du patrimoine de Jérusalem et permis ainsi au public de redécouvrir un pan d’histoire de l’art israélien.

Les travaux étape par étape :

Yaël Ancri