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30 octobre 2017 | י חשון התשעח
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Gilles Rozier, une plume qui compte dans la littérature juive

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Ecrivain et traducteur français, Gilles Rozier, qui participait à une conférence internationale de poètes et auteurs juifs à Jérusalem, s’apprête à publier son premier livre en tant qu’éditeur. Ancien directeur de la Maison de la culture yiddish à Paris, Gilles Rozier, auteur, mais aussi traducteur de l’hébreu et du yiddish, a plusieurs cordes à son arc. Dans un entretien à bâtons rompus, il évoque avec IsraPresse, l’avenir de la culture yiddish, son œuvre de romancier et ses projets d’édition.
IsraPresse : La langue yiddish est-elle en déclin ?
Gilles Rozier : Avant-guerre, près de 10 millions de personnes parlaient le yiddish dans le monde et aujourd’hui, on en compte un peu plus d’un million donc on peut parler de déclin mais il y a plusieurs aspects de l‘avenir de la langue. Tout d’abord, il faut savoir qu’il y a des communautés hassidiques entières aux Etats-Unis et en Israël pour qui le yiddish est la langue du quotidien et de l’étude des textes. Il existe en Amérique des véritables shtetls comme en Europe de l’est, avec une population qui ne sait pas toujours parler l’anglais.
Par ailleurs, il y a un certain engouement pour la langue yiddish dans le monde avec par exemple des universités d’été en France, en Israël, aux Etats-Unis ou en Pologne où des centaines de gens, juifs et non-juifs viennent pérenniser des îlots de yiddishisme. Le judéo-espagnol est en véritable déclin car il n’y a pas de réservoir de gens qui continuent de parler cette langue tandis que le yiddish se maintient et connaît une certaine évolution.
IsraPresse : Vous avez fondé une revue de littérature yiddish en France (Guilgoulim) et traduit plusieurs poètes et auteurs yiddish, la littérature yiddish a-t-elle un avenir ?
G.R. : La création littéraire en yiddish est aujourd’hui très réduite, mais elle existe toujours et on voit de temps à autre de jeunes auteurs apparaître. La question du lectorat n’est pas facile : de nombreuses personnes qui parlent la langue ne la lisent pas et les groupes hassidiques ne s’intéressent pas ou très peu à la littérature. Concernant la traduction, on peut parler de véritable curiosité pour cette littérature qui est, d’ailleurs, depuis une vingtaine d’années, reconnue pour être une grande littérature. En France, chaque année, 5 ou 6 livres sont traduits du yiddish en français.
IsraPresse : Vous venez de créer une maison d’édition en France, « Les Editions de l’Antilope », pour publier des textes de littérature juive, quel est le but de ce projet ?
G.R. : J’ai voulu créer ma propre maison d’édition avec l’éditrice Anne-Sophie Dreyfus afin de publier en français des œuvres d’auteurs qui parlent de l’existence juive. La ligne éditoriale est claire tout comme notre objectif : nous adresser à tout amateur de littérature. Le projet que nous mûrissons depuis deux ans a été très bien accueilli par les éditeurs et libraires et nous espérons que le public suivra. Notre premier livre sort en janvier, le premier roman d’une Israélienne, Rachel Shalita, que j’ai traduit de l’hébreu. Il parle du destin de deux femmes dans la société juive de Palestine de la fin des années 1920 à la création de l’Etat d’Israël.
IsraPresse : Vous êtes l’auteur de 7 romans traduits dans plusieurs langues y compris en hébreu, cette maison d’édition met fin à votre carrière d’auteur ?
G.R. : Ma première motivation est d’écrire, c’est ma vie. J’ai publié mon premier roman il y a 16 ans et je ne compte pas m’arrêter. J’ai publié cette année un livre d’entretien (Deux enfants de Bagdad, Un Juif, un Arabe, deux destins, une amitié, Les arènes, 2015) sur la rencontre entre deux poètes irakiens, Ronny Sommeck, un juif israélien et Salah Al Hamdani, un arabe qui vit en France. Je viens également de terminer un 8e roman, le premier d‘ailleurs qui n’a pas de contexte juif. En tant qu’éditeur, j’espère pouvoir faire connaitre en France des auteurs du monde entier, qui racontent un vécu juif, une culture, sa richesse, ses paradoxes.
Propos recueillis par Michaël Blum