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30 octobre 2017 | י חשון התשעח
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Comprendre le dossier du gaz israélien

Vue aérienne du gisement Tamar (Photo by Moshe Shai/FLASH90)

Vue aérienne du gisement Tamar (Photo by Moshe Shai/FLASH90)

Depuis plusieurs semaines, il est au cœur d’une lutte à fleuret moucheté entre le gouvernement et l’opposition : l’accord sur l’exploitation du gaz naturel en Méditerranée dévoilé mardi pourrait s’avérer être le premier couac du quatrième mandat de Binyamin Netanyahou. En décrétant que l’exploitation de gaz relève de la « sécurité nationale », le Premier ministre israélien a tenté de passer en force et de contourner les lois sur les monopoles. Pas sûr que cela soit payant. Pour comprendre les enjeux, les tenants et les aboutissants de ce dossier très sensible, IsraPresse fait le point.

De quels gisements parle-t-on ?

En 2009 et 2010, les Israéliens découvrent quatre gisements sous-marins au large des côtes israéliennes. Baptisés Tamar, Leviathan, Karish et Tanin, ces gisements sont susceptibles de bouleverser la donne des exportations. L’exploitation de Tamar, qui possède des réserves de 280 milliards de mètres cubes, a commencé en 2013, permettant à Israël d’atteindre 3,3%  de croissance cette année-là contre les 2,5% initialement prévus par l’OCDE. Léviathan, qui affiche le double des réserves de Tamar, sera opérationnel en 2018. Si Israël a décidé de conserver 60% de la production gazière pour assurer sa consommation propre, la part de l’exportation, 40%, aiguise les appétits.

Quel enjeu pour Israël ?

Les ressources gazières israéliennes sont une manne inespérée pour le pays. Tamar, dont la production est destinée au marché intérieur, a contribué à 0,3% du Produit national brut (PNB) israélien en 2014 et 0,8% en 2013. Longtemps isolé et dépendant du gaz égyptien, les gisements israéliens devraient permettre au pays l’indépendance énergétique pour plusieurs décennies.

 Pourquoi cet accord pose problème ?

Cet accord pose un problème économico-politique où s’entremêlent position monopolistique et un soupçon de conflit d’intérêt personnel et commercial au dessus du Premier ministre israélien.

 

  • Position monopolistique: L’omniprésence de Noble Energy géant américain du gaz et du pétrole passe mal. Le 27 juin dernier, plusieurs milliers d’israéliens ont défilé à Tel-Aviv dénonçant ‘un vol’ des ressources israéliennes.

 

  • Le soupçon de conflit d’intérêt : Le 17 juin dernier, le magnat américain Sheldon Adelson adresse à Binyamin Netanyahou – avec qui il entretient des relations amicales anciennes et avérées - un courrier lui demandant d’accélérer le dossier. La missive émanant d’un organisme travaillant pour le compte du bureau américain du commerce fait désordre.

Un projet qui divise la classe politique israélienne

Après la démission fin mai du président de la lutte contre les monopoles, David Gila, qui avait dénoncé l’accord qui se dessinait, le Premier ministre israélien s’est attelé à rallier ses troupes pour faire voter la loi. Son ministre des Finances, Moshé Kahlon, qui avait axé toute sa campagne électorale sur la défense des consommateurs et la baisse des prix, a dû mettre de l’eau dans son vin. Avigdor Lieberman, qui a choisi de ne pas entrer dans le gouvernement, a déclaré le 29 juin dernier soutenir le plan tout en refusant de le voter à la Knesset.

Quant au chef de l’opposition, Yitzhak Herzog, il a appelé à plus de transparence dans ce dossier complexe qui en manque cruellement. « Je demande que les arrangements […] soient dévoilés au public et à ses représentants », a écrit le député faisant référence sans les nommer à l’homme d’affaires américain Sheldon Adelson et Binyamin Netanyahou. Il a conclu en qualifiant de « mépris pour la dignité de la Knesset et du public israélien » toutes les décisions allant à l’encontre de l’esprit de son appel.

Dans ce combat, le chef de file du Camp sioniste n’est pas seul. Le Meretz est également monté au créneau quelques jours plus tôt en saisissant sans succès le conseiller juridique du gouvernement. L’adjointe de celui –ci, Dina Zilber, a finalement statué en faveur du Premier ministre. Pour elle, les relations entre Binyamin Netanyahou et l’homme d’affaires Sheldon Adelson ne peuvent empêcher le Premier ministre israélien de traiter ce dossier.

La pression américaine 

Et comme si tout ceci n’était pas assez compliqué, les Etats-Unis ne cessent de faire pression pour que l’accord soit voté. Initialement prévu le 29 juin, le vote a été reporté. Le 23 juin dernier, l’ambassadeur des Etats-Unis en Israël, Dan Shapiro, a mis en garde Israël contre tout retard dans l’application d’accords conclus avec Noble Energy. « Israël a une occasion rare de développer ces champs gaziers, si cela ne survient pas maintenant, nous craignons que cette opportunité ne se présente plus dans un proche avenir », a expliqué l’ambassadeur à la radio militaire. Le temps presse car même si la loi n’est pas encore votée à la Knesset, Noble Energy a déjà passé une série d’accords préliminaires avec la Jordanie, l’Autorité palestinienne et l’Egypte pour la fourniture de gaz israélien.

V.G-B